AMÉRINDIEN DU QUEBEC ET CANADA

AMÉRINDIEN DU QUEBEC ET CANADA

HISTOIRE DES INNUITS DU CANADA

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Archers inuits, vers 1915.

Les Inuit sont les habitants autochtones de la région arctique de l'Amérique du Nord, du détroit de Béring à l'est du Groenland, ce qui représente plus 6000 kilomètres. Les Inuits, qui occupent le Canada arctique, vivent également dans le nord de l'Alaska et au Groenland et comptent de proches parents en Russie. Ils sont unis par un patrimoine culturel et une langue communs. Jusqu'à récemment les non-Inuits les appelaient Esquimaux. Aujourd'hui, ils prèfèrent leur propre terme Inuit, qui signifie tout simplement les gens. Il y a environ 40 000 Inuits au Canada.

Les origines des Inuits Si l'on en croit les recherches archéologiques, c'est dans le nord-ouest de l'Alaska qu'il faut rechercher les origines des Inuits. Ces premiers Inuits de l'Alaska habitaient la côte et la toundra, où ils chassaient le phoque, le morse, la baleine et le caribou. Ils logaient dans des maisons édifiées avec du bois de grève et de la terre, et ils parlaient presque certainement une version primitive de la langue inuite, l'inuktitut. Ils furent, ainsi que leurs ancêtres, le premier peuple arctique a acquérir la maîtrise de la chasse aux grands mammifères marins, notamment la baleine boréale. L'énorme quantité de nourriture que rapportait une chasse fructueuse  même une petite baleine pouvait peser sept tonnes  leur permettait d'avoir un mode de vie plus riche et moins précaire que celui de beaucoup d'autres peuples de chasseurs.

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Une famille entière pouvait trouver place sur un traîneau, centre de l'Arctique, vers 1915.

Un de leurs objectifs particuliers semble avoir été les zones riches en baleines autour de l'île de Baffin et de l'île Somerset. Là, ils ne tardèrent pas à édifier les mêmes grands villages de chasse à la baleine et à reprendre le même mode de vie prospère qu'ils avaient laissé derrière eux en Alaska. D'autres groupes s'installèrent sur des portions de côte dépourvus de riches ressources baleinières, où ils habitaient des villages plus petits et dépendaient principalement du phoque, du caribou et du poisson pour leur subistance. Partout où ils allaient, les pionniers inuits construisaient les mêmes maisons d'hiver en terre et apportaient avec eux la complexe technique de chasse de leurs ancêtres d'Alaska.

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Plomb de ligne de pêche découvert sur un site archéologique du XIXe siècle en Alaska et sur lequel est représenté une scène de guerre traditionnelle. Des hommes armés de lances et d'arcs attaquent les habitants d'une maison de terre. Remarquez le chien qui n'a pas aboyé. Les guerres et la pression démographique en Alaska expliquent probablement en partie la migration vers l'est des Inuits thuléens

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Les ruines d'une maison d'hiver Inuit, site de Naujan, Arctique canadien.

 Les Inuits et les Vikings

Vers 1250 apr. J.-C., les premiers Inuits avaient pénétré au Groenland par le détroit de Smith, à l'extrémité du nord-ouest de l'île. Là, peut-être du côté canadien, ils ont rencontré ces chasseurs que le Moyen Âge appelait Normands (les Vikings), qui arrivaient de colonies vikings situées dans le sud-ouest du Groenland et fondées par Erik le Rouge. Ces colonies finirent par disparaître probablement au milieu du XVe siècle. Différentes théories expliquent leur disparition, mais l'une des raisons fut la détérioration du climat. Un autre facteur a pu être la concurrence avec les Inuits, qui étaient beaucoup mieux adaptés à la vie arctique que les Vikings. À l'époque où les Européens explorèrent le Groenland, au XVIe siècle, les Inuits étaient les seuls habitants de tout l'Arctique nord-américain.

 

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Un climat plus froid Le même climat de plus en plus rigoureux qui sonna le glas des colonies vikings du Groenland eut également des répercussions néfastes sur l'économie inuite. Après 1300 environ, les températures devinrent progressivement plus froides, aboutissant à une sorte de petite ère glaciaire autour de 1500. Les zones importantes et riches de chasse à la baleine de l'Extrême-Arctique furent abandonnées, et les gens se déplacèrent vers le sud.

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L'automne était une époque importante pour la pêche, et le poisson qu'on avait mis de côté était une source importante de nourriture au début de l'hiver.

La chasse à la baleine boréale ne constitua plus le pôle central de la vie des Inuits dans la plus grande partie du Canada et du Groenland (mais le resta en Alaska). La vie devint généralement plus difficle et précaire. Les gens déplaçaient camps et villages plus souvent, et dans de nombreux secteurs on abandonna la maison d'hiver en terre et en os de baleine en faveur de maisons faites de blocs de neige. Elles étaient plus faciles à construire et on pouvait les ériger n'importe où, même sur la glace de mer. De plus, une heure où deux suffisaient à les construire.

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Contacts avec les explorateurs

Les contacts avec les explorateurs Européens apportèrent également des changements. Entre les voyages de Martin Frobisher, dans les années 1570, et les recherches pour retrouver l'expédition Franklin disparue dans les années 1850, des dizaines d'expéditions vers l'Arctique furent organisées, habituellement à partir de l'Angleterre. La plupart d'entre elles avaient pour but de trouver un passage par le nord-ouest entre l'Atlantique et le Pacifique.

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Tattannaaeuk, connu sous le nom d'Augustus, fut le guide et l'interprète de nombreuses expéditions britanniques dans l'Arctique, dont les première et seconde expéditions de Franklin (1819-22 et 1825-26). Il était originaire de la côte ouest de la baie d'Hudson

Tout d'abord, les Européens ne virent pas dans l'Arctique un endroit ayant une valeur intrinsèque, mais seulement un obstacle aux richesses se trouvant au-delà. Au cours de leurs voyages à travers le nord, les explorateurs européens rencontraient souvent des Inuits. Peu d'Européens avaient l'esprit suffisemment dépourvu de préjugés pour croire qu'ils pouvaient apprendre quelque chose de ces derniers, mais ils faisaient du commerce avec eux et échangaient des cadeaux. Les Inuits commencèrent à connaître le monde extérieur et à apprécier ce qu'il avait à offrir. Les Européens leur apportaient du fer, qu'ils prisaient pour la fabrication d'outils tels que des pointes de harpon et des lames de couteau.

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Sir John Franklin a exploré une plus grande partie de l'Arctique canadien que tout autre étranger à cette région. Il est mort en 1847 alors que son expédition (la troisème expédition Franklin) était prisonnière des glaces près de l'île King William, dans le centre de l'Arctique. Aucun officier ni membre d'équipage ne survécut. (Captain Sir John Franklin.

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Couteau à écorcer inuit, manche en andouiller, lame de fer, début du XXe siècle. Les Inuits utilisent depuis longtemps le fer européen et asiatique pour les outils tranchants.

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La British Royal Navy fut le chef de file de la recherche du passage du nord-ouest à travers les îles de l'Arctique canadien. (Noon in Mid-Winter, Lieutenant William H. Browne.

 Les chasseurs de baleine

Dans les années 1850, les Européens et les Américains commencèrent à apprécier la valeur commerciale des ressources fauniques de l'Arctique. L'industrie de la chasse à la baleine commerciale dans l'Atlantique nord, qui était basée en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Angleterre, se lança dans une exploitation à grande échelle dans des eaux qui sont maintenant canadiennes, où des milliers de baleines furent tuées. Cette industrie embaucha des centaines d'Inuits pour travailler sur ses bateaux comme chasseurs et couturiers. Un large éventail et d'énormes quantités de biens manufacturés pénétrèrent la société inuite, des fusils et de la toile de tente aux baleinières en passant par la farine.

À la même époque, les chasseurs de baleine du Pacifique, basés à San Francisco, étendirent leurs activités vers le nord à travers le détroit de Béring, puis vers l'est le long de la côte de l'Alaska et du Mackenzie. En 1890, ils étaient établis sur l'île Herschel. À cause des distances beaucoup plus grandes qu'ils devaient parcourir, les chasseurs de baleine prirent l'habitude de s'y installer pour l'hiver. Les équipages de jusqu'à 15 bateaux en une même saison se mêlèrent à la vie des Inuits.

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Les chasseurs de baleine commerciaux de Grande-Bretagne et des États-Unis eurent une profonde influence sur la culture des Inuits du Canada. (The Fox arriving at Beechey Island.

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Les chasseurs de baleine apportèrent une prospérité de courte durée dans certaines régions. Cette Inuite de la côte ouest de la baie d'Hudson, que les chasseurs de baleine appelaient Shoofly, porte des vêtements richement ornés de perles et d'autres articles de traite.

Maladies

En plus des biens manufacturés, les chasseurs de baleines apportaient avec eux des maladies contagieuses. Les Inuits ne possédaient aucune immunité naturelle pouvant les protéger de ces maladies, et des centaines, voire des milliers d'entre eux, moururent. La population inuite de l'ouest de l'Arctique canadien (les Inuvialuits) est passée d'environ 2000 à 2500 personnes en 1850 à 150 personnes en 1910.

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Les Inuvialuits de l'ouest de l'Arctique canadien enterraient leurs morts sous du bois flotté. Cette sépulture date probablement des terribles épidémies qui ont balayé l'ouest de l'Arctique à la fin du XIXe siècle.

Dans l'est, les effets de la maladie furent plus sporadiques. Un groupe local, les Sadlirmiuts de l'île Southampton disparurent entièrement au cours de l'hiver 1902-1903. Ils attrapèrent la dysenterie, une maladie grave, des marins de l'Active, un baleinier écossais.

La Compagnie de la Baie d'Hudson, la police et l'Église

En 1905, l'industrie baleinière était moribonde, car les stocks de baleines avaient presque complètement disparu de l'Arctique. De plus, de nouvelles inventions, par exemple un substitut synthétique du fanon de baleine, obligea les chasseurs de baleine à se tourner vers d'autres activités, dont la traite des fourrures, pour assurer leur subsistance. La Compagnie de la Baie d'Hudson et d'autres entreprises commerciales commencèrent également à s'intéresser sérieusement à la traite des fourrures dans le Nord. Au cours des dix années qui suivirent la Première Guerre mondiale (1914-1918), la traite commerciale des fourrures se déplaça plus au nord jusqu'à englober tout l'Arctique. La traite des fourrures amena dans son sillage la Gendarmerie royale et les Églises anglicane et catholique romaine.

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L'ancien poste de traite de la Compagnie de la Baie d'Hudson de Bathurst Inlet, dans le centre de l'Arctique

En 1925, les Inuits étaient devenus des sujets, sinon tout à fait des citoyens de l'État canadien. Sous l'influence des missionnaires, beaucoup de croyances traditionnelles et de coutumes inuites disparurent ou furent conservées sous le manteau. Les Inuits perdirent tout pouvoir sur leurs propres vies au début du XXe siècle. Beaucoup tombèrent dans une extrême misère à cause de la fluctuation du prix des fourrures, qui était fixé dans des endroits aussi éloignés que Londres ou New York.

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 Réinstallation Ce n'est qu'après la Deuxième Guerre mondiale (1939-45) que le gouvernement canadien commença à s'intéresser activement au bien-être des Inuits. Après que lui soient parvenus des rapports où il était question de misère généralisée et même de famine, le gouvernement commença à inciter fortement les gens à quitter leur mode de vie nomade et d'errance. Ils encouragèrent la vie dans des villages permanents parce que cela semblait faciliter l'administration de la sécurité sociale et en amoindrir le coût.

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Au cours des années 1950 et 1960, les Inuits furent forcés d'abandonner leurs villages traditionnels (comme l'exemple ci-joint) pour aller vivre dans des villages modernes construits par l'État.

Les services et les installations gouvernementales prirent beaucoup plus d'ampleur dans ces nouveaux villages. On fournit des habitations à bon marché, et on construisit des écoles, des installations médicales, des aéroports et des commerces modernes. Des nouvelles communautés micro-urbaines virent le jour. Une population autrefois chichement éparpillée à travers un immense territoire était maintenant concentrée dans un petit nombre de villages. Vers le milieu des années 1960, presque tous les Inuits du Canada habitaient dans ces nouvelles localités.

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C'était loin d'être une solution idéale. Ne vivant plus en pleine nature, les Inuits en vinrent à dépendre de plus en plus de l'aide sociale. Les emplois étaient peu nombreux. Les Inuits devinrent presque totalement dépendants de la société extérieure.

L'Arctique et la démocratie

La démocratie a mis du temps à pénétrer dans l'Arctique. À partir de 1966, le gouvernement fédéral créa des circonscriptions électorales dans certaines parties des Territoires du Nord-Ouest. En 1967, un Commissaire des Territoires du Nord-Ouest fut nommé et de nombreux programmes fédéraux furent confiés au nouveau gouvernement territorial. À la fin des années 1970, le gouvernement territorial était devenu un corps élu et représentatif.

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Les Inuits composaient des chants accompagnés au tambour qu'ils exécutaient lors de danses du tambour publiques.

La création du Nunavut Le combat des Inuits pour obtenir l'autonomie gouvernementale date au moins des années 1960, lorsque des Eskimo Co-ops furent établies dans la plupart des localités de l'Arctique. Ces coopératives ont aidé les Inuits à conserver le contrôle de la vente de leurs œuvres d'art. Elles ont également fait concurrence à la Compagnie de la Baie d'Hudson, ce qui a contribué à faire monter le prix des fourrures et baisser celui des marchandises.

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Le hameau de Grise Fiord, sur la côte sud de l'île Ellesmere, est certainement le village le plus au nord sur le territoire du Nunavut.

En 1971, les Inuits firent un pas important vers l'autonomie gouvernementale avec la création de l'Inuit Brotherhood, l'actuel Inuit Tapirisat du Canada. En 1976, les Inuits proposèrent la création d'un nouveau territoire qui s'appellerait le Nunavut (notre terre). Le nouveau territoire du Nunavut serait constitué de la portion centrale et orientale des Territoires du Nord-Ouest et serait peuplé en majorité d'Inuits. Cette proposition comportait en outre une revendication territoriale globale. En 1982, on approuvait dans un référendum le règlement proposé pour le Nunavut, et en 1992 une entente de principe recueillait 85 % des voix des électeurs inuits. En mai 1993, l'Accord définitif du Nunavut était signé. Le nouveau territoire du Nunavut fut inauguré le 1er avril 1999.

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Uluksuk (qu'on voit ici avec ses épouses) était un chef et un chaman puissant au début du XXe siècle dans la région de la baie du Couronnement, dans l'Arctique canadien. Les leaders inuits modernes ont dû se montrer tout aussi avisés pour assurer l'avenir de leur peuple.

D'autres voies vers l'autonomie gouvernementale

Les Inuits qui habitent hors du Nunavut ont choisi des voies politiques différentes. Les Inuvialuits, un peuple qui vit le long de la côte de l'Arctique dans l'ouest des Territoires du Nord-Ouest, se sentent depuis longtemps différents des Inuits de l'est de l'Arctique. Ils avaient accès aux riches réserves de pétrole et de gaz de la mer de Beaufort. Ils souhaitaient négocier leur propre entente territoriale, et c'est ce qu'ils ont fait par le biais du Comité d'étude des droits des autochtones (CEDA). En 1984, ils signaient la Convention définitive des Inuivialuit avec le gouvernement fédéral et celui du territoire. Ils ont créé la Région désignée des Inunivaluit, qui comprend la majeure partie de l'Arctique occidental.

Plus tôt, en 1975, la Société des Inuit du Nord québécois, aujourd'hui la Société Makivik, a signé la Convention de la Baie James et du Nord québécois établissant les droits de propriété territoriaux des Inuits et d'autres droits dans le Nouveau-Québec.

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Des pêcheurs modernes et leur prise.

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Une scène de chasse à la baleine dessinée par des Inuits de l'ouest de l'Arctique (Inuvialuits), vers 1865. Les Inuits d'aujourd'hui voient dans la chasse à la baleine et l'accès à d'autres ressources un aspect important de l'affirmation de leur souveraineté.

L'avenir

En ce début du XXIe siècle, les Inuits du Canada ont remporté des victoires politiques importantes. Ils possèdent maintenant collectivement une bonne partie de l'Arctique et jouissent d'un pouvoir politique considérable au sein de leurs territoires. La création du Nunavut, tout particulièrement, met en lumière le rôle important que les Inuits jouent maintenant au Canada.

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Garçon inuit

Toutefois, il existe encore certains problèmes fondamentaux. L'Arctique est encore sous-développé sur le plan économique. Il y encore peu d'emplois et ce sont souvent des postes subalternes. Peu de gens ont le niveau d'instruction ou les compétences nécessaires pour l'économie mondiale hautement technique d'aujourd'hui.

Beaucoup espèrent en une industrie touristique florissante pour apporter la prospérité, mais ce n'est là qu'une solution partielle. L'exploitation des mines et d'autres formes d'extraction des ressources sont des secteurs de l'économie en pleine croissance, tout particulièrement maintenant que des ententes territoriales ont été signées. Dans le territoire inuvialuit, l'exploitation des réserves de gaz de la mer de Beaufort et un projet de pipeline dans l'ouest pourrraient contribué à stimuler la croissance économique. Dans le Nunavut, les mines de diamant, d'or et de métaux lourds offrent des possibilités d'emplois et des revenus. Toutefois, comme beaucoup s'en rendent compte, une économie basée sur les matières premières est extrêmement vulnérable aux fluctations de prix et aux problèmes environnementaux, notamment la polution causée par les métaux lourds (due à l'exploitation minière), et aux destructions de l'environnement causées par la construction des routes et des pipelines.

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Avant l'introduction des lunettes de soleil aux verres fumés, les Inuits portaient des lunettes de neige percées d'une fente pour se prémunir contre la cécité des neiges lorsqu'ils voyageaient dans l'intense lumière du soleil printanier.

Heureusement, la population inuite est jeune et dynamique, et depuis des générations elle s'obstine à vaincre des obstacles insurmontables. Le but des Inuits est de préserver l'essentiel de leur culture et de s'assurer, ainsi qu'à leurs enfants, un niveau de vie décent. Leur histoire, qui témoigne de leur force et de leur désir de survivre, laisse présager qu'ils réussiront.

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Les ententes du Nouveau-Québec et des Inuvialuits sont toutes deux uniquement des ententes territoriales globales. Elles ne sont pas aussi étendues ni aussi globales que l'entente territoriale du Nunavut, qui prévoit l'établissement d'un gouvernement public et territorial.

LES DÉPLACEMENTS SUR LA NEIGE

 DANS LE CANADA ANCIEN

Les gens ont besoin de se déplacer. Périodiquement, tous les êtres humains doivent s'éloigner des lieux où ils vivent pour se procurer des choses dont ils ont besoin. Par exemple, quand les réserves alimentaires d'une famille s'amenuisent, quelqu'un doit se rendre à un endroit où l'on trouve des aliments. Quand un constructeur a besoin de matériaux pour faire un objet, il lui est nécessaire de se déplacer pour acquérir ces matériaux. La seule exception à cette règle se présente lorsqu'une personne se déplace au nom d'une autre personne. Cela se produit quand un parent se rend à l'épicerie acheter à manger pour la famille. Ou quand une infirmière apporte à manger à un patient. Reste que, peu importe qui effectue le déplacement, toute vie humaine exige de se déplacer.

Le corps humain est bien adapté à certains types de déplacements, par exemple, marcher ou courir en terrain plat et ferme. On peut aussi franchir ou contourner des obstacles tels que des collines, des lieux rocheux, des cours d'eau ou des fourrés, mais cela est plus difficile. Certains obstacles, toutefois, sont si importants ou difficiles qu'ils gênent considérablement le passage, à moins que les voyageurs ne disposent de quelque chose qui facilite leur déplacement.

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Famille crie en déplacement près de York Factory (Manitoba) en 1821. Les oiseaux indiquent qu'ils ont eu récemment du succès à la chasse; les vêtements et le fusil témoignent d'un mélange d'influences européennes et autochtones.

Dans des pays nordiques froids tels que le Canada, la neige peut constituer un tel obstacle. Aujourd'hui, avec des machines modernes comme les chasse-neige, les véhicules à quatre roues motrices, les motoneiges et les avions, la neige n'est pratiquement plus un obstacle au transport. Pourtant, longtemps avant l'invention de ces machines, il était possible de se déplacer à travers la campagne à une vitesse raisonnable, de transporter des charges d'un endroit à l'autre et de communiquer les uns avec les autres tout au long de l'hiver nord-américain. Les chasseurs trouvaient du gibier et le rapportaient à la maison pour nourrir leurs familles. On se rendait dans les villages voisins voir des amis, tout comme aujourd'hui. Comment affrontait-on autrefois les problèmes des déplacements sur la neige sans nos machines modernes? Pour répondre, il faut d'abord se tourner vers les conditions de la neige.

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Inuits canadiens transportant leurs possessions sur un champ de glace au moyen d'un gros traîneau tiré par des chiens. Photo de G. H. Wilkins, Expédition canadienne dans l'Arctique, 1913-1916.

La neige obstacle, la neige le moyen de déplacement

La neige fraîchement tombée se présente sous bien des formes — flocons pelucheux, flocons collants, dur grésil, entre autres — et en quantités variables, d'une mince couche à un épais manteau. De plus, dès que la neige s'est installée sur le sol, son état peut être altéré par le vent, le paysage et la température. De telles différences dans l'état de la neige sont importantes pour le voyageur. Par exemple, quand la neige est molle et profonde, les pieds s'enfoncent sous la surface et la progression est lente et pénible. Quand elle est mouillée ou collante, le pied glisse et se déplacer n'est pas une mince affaire. Pourtant, quand la neige est sèche et tassée, on peut marcher dessus avec aisance. Les déplacements sont donc le plus faciles lorsque le voyageur peut marcher légèrement sur la surface d'un champ de neige gelé. Tout cela, les humains le savent depuis des milliers d'années. En y ajoutant l'ingéniosité et la détermination à voyager, les peuples anciens ont graduellement mis aux points divers techniques facilitant les déplacements dans les régions neigeuses.

Les vêtements d'hiver

Avant de pouvoir se déplacer de quelque manière que ce soit dans la neige, les gens ont d'abord dû protéger leur corps du gel. L'invention des vêtements ajustés en peau d'animal a procuré une couverture personnelle légère, souple, chaude et imperméable. Les origines de cette invention se perdent dans la nuit des temps, mais elle remonte probablement à il y a environ 40 à 50 000 ans. C'était à l'époque où les humains tentèrent pour la première fois d'occuper les régions neigeuses du nord de l'Europe et de l'Asie, et éventuellement des Amériques. Au cours des 10 à 15 000 dernières années, les peuples autochtones d'Amérique du Nord ont créé de nombreux types de vêtements d'hiver. Les divers styles dépendaient de l'environnement où ils vivaient, des peaux d'animaux disponibles, des traditions culturelles locales, de l'âge et du sexe de ceux qui portaient ces vêtements et des préférences personnelles en matière de décorations.

Le vêtement traditionnel inuit en est un exemple. Au cours des années 1880, un anthropologue du nom de Franz Boas s'est rendu chez les Inuits de l'est de l'Arctique et a consigné ses observations sur leurs habillements. Il a observé que tant les hommes que les femmes portaient deux couches de vêtements par temps froid. Les vêtements de dessous étaient portés le poil sur la peau. Aux pieds, on portait deux chaussons l'un par-dessus l'autre. Le premier était fait de peau d'oiseau, les plumes reposant sur le pied; l'autre était en peau de phoque. Plus haut, un bas léger en peau de cerf couvrait le bas de la jambe jusqu'au genou. On trouvait ensuite un haut-de-chausses en peau de jeune phoque ou de caribou. Ce vêtement, qui atteignait le dessous des genoux, était attaché autour de la taille avec une corde. Enfin, le haut du corps était couvert d’un vêtement qu'on passait par-dessus la tête, fait de peau de jeune phoque ou d'une peau légère de caribou. Puis venaient les vêtements de dessus. C'étaient les bottes, le pantalon, les mitaines et un manteau à capuchon avec un rabat, ou queue, dans le dos. Ils étaient portés normalement le poil à l'extérieur, et étaient généralement faits de peau d
La neige obstacle, la neige le moyen de déplacement

La neige fraîchement tombée se présente sous bien des formes — flocons pelucheux, flocons collants, dur grésil, entre autres — et en quantités variables, d'une mince couche à un épais manteau. De plus, dès que la neige s'est installée sur le sol, son état peut être altéré par le vent, le paysage et la température. De telles différences dans l'état de la neige sont importantes pour le voyageur. Par exemple, quand la neige est molle et profonde, les pieds s'enfoncent sous la surface et la progression est lente et pénible. Quand elle est mouillée ou collante, le pied glisse et se déplacer n'est pas une mince affaire. Pourtant, quand la neige est sèche et tassée, on peut marcher dessus avec aisance. Les déplacements sont donc le plus faciles lorsque le voyageur peut marcher légèrement sur la surface d'un champ de neige gelé. Tout cela, les humains le savent depuis des milliers d'années. En y ajoutant l'ingéniosité et la détermination à voyager, les peuples anciens ont graduellement mis aux points divers techniques facilitant les déplacements dans les régions neigeuses.

Les vêtements d'hiver

Avant de pouvoir se déplacer de quelque manière que ce soit dans la neige, les gens ont d'abord dû protéger leur corps du gel. L'invention des vêtements ajustés en peau d'animal a procuré une couverture personnelle légère, souple, chaude et imperméable. Les origines de cette invention se perdent dans la nuit des temps, mais elle remonte probablement à il y a environ 40 à 50 000 ans. C'était à l'époque où les humains tentèrent pour la première fois d'occuper les régions neigeuses du nord de l'Europe et de l'Asie, et éventuellement des Amériques. Au cours des 10 à 15 000 dernières années, les peuples autochtones d'Amérique du Nord ont créé de nombreux types de vêtements d'hiver. Les divers styles dépendaient de l'environnement où ils vivaient, des peaux d'animaux disponibles, des traditions culturelles locales, de l'âge et du sexe de ceux qui portaient ces vêtements et des préférences personnelles en matière de décorations.

Le vêtement traditionnel inuit en est un exemple. Au cours des années 1880, un anthropologue du nom de Franz Boas s'est rendu chez les Inuits de l'est de l'Arctique et a consigné ses observations sur leurs habillements. Il a observé que tant les hommes que les femmes portaient deux couches de vêtements par temps froid. Les vêtements de dessous étaient portés le poil sur la peau. Aux pieds, on portait deux chaussons l'un par-dessus l'autre. Le premier était fait de peau d'oiseau, les plumes reposant sur le pied; l'autre était en peau de phoque. Plus haut, un bas léger en peau de cerf couvrait le bas de la jambe jusqu'au genou. On trouvait ensuite un haut-de-chausses en peau de jeune phoque ou de caribou. Ce vêtement, qui atteignait le dessous des genoux, était attaché autour de la taille avec une corde. Enfin, le haut du corps était couvert d’un vêtement qu'on passait par-dessus la tête, fait de peau de jeune phoque ou d'une peau légère de caribou. Puis venaient les vêtements de dessus. C'étaient les bottes, le pantalon, les mitaines et un manteau à capuchon avec un rabat, ou queue, dans le dos. Ils étaient portés normalement le poil à l'extérieur, et étaient généralement faits de peau de phoque ou de caribou. Ce type d'habillement permettait aux Inuits de vivre et de se déplacer au cours des hivers de l'Arctique.

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Des conducteurs d'attelage de chiens inuits de l'est de l'Arctique en vêtements d'hiver se reposent sur un traîneau chargé. Photo de J. D Soper, vers 1924-1926.

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Groupe d'Inuits du Cuivre de l'Arctique central en vêtements d'hiver. Photo prise par J. J. O'Neill lors de l'Expédition canadienne dans l'Arctique, 1913-1916.

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Bottes en peau de caribou des Inuits de l'île de Baffin.

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Portrait de Pitatapiu, Assiniboine de la bande de Stone, sur la rivière Missouri en 1833. Remarquez les mocassins, les jambières, la chemise et la couverture de cuir. L'hiver, il aurait pu ajouter à cette tenue un couvre-chef et des mitaines.

Dans d'autres parties de l'Amérique du Nord, on portait des vêtements d'hiver quelque peu différents. En 1808-1809, par exemple, Dans des pays nordiques froids un marchand de fourrures du tels que le Canada, la neige peut constituer un tel obstacle. Aujourd'hui, avec des machines modernes comme les chasse-neige, les véhicules à quatre roues motrices, les motoneiges et les avions, la neige n'est pratiquement plus un obstacle au transport. Pourtant, longtemps avant l'invention de ces machines, il était possible de se déplacer à travers la campagne à une vitesse raisonnable, de transporter des charges d'un endroit à l'autre et de communiquer les uns avec les autres tout au long de l'hiver nord-américain. Les chasseurs trouvaient du gibier et le rapportaient à la maison pour nourrir leurs familles. On se rendait dans les villages voisins voir des amis, tout comme aujourd'hui. Comment affrontait-on autrefois les problèmes des déplacements sur la neige sans nos machines modernes? Pour répondre, il faut d'abord se tourner vers les conditions de la neige.

Le vêtement traditionnel inuit en est un exemple. Au cours des années 1880, un anthropologue du nom de Franz Boas s'est rendu chez les Inuits de l'est de l'Arctique et a consigné ses observations sur leurs habillements. Il a observé que tant les hommes que les femmes portaient deux couches de vêtements par temps froid. Les vêtements de dessous étaient portés le poil sur la peau. Aux pieds, on portait deux chaussons l'un par-dessus l'autre. Le premier était fait de peau d'oiseau, les plumes reposant sur le pied; l'autre était en peau de phoque. Plus haut, un bas léger en peau de cerf couvrait le bas de la jambe jusqu'au genou. On trouvait ensuite un haut-de-chausses en peau de jeune phoque ou de caribou. Ce vêtement, qui atteignait le dessous des genoux, était attaché autour de la taille avec une corde. Enfin, le haut du corps était couvert d’un vêtement qu'on passait par-dessus la tête, fait de peau de jeune phoque ou d'une peau légère de caribou. Puis venaient les vêtements de dessus. C'étaient les bottes, le pantalon, les mitaines et un manteau à capuchon avec un rabat, ou queue, dans le dos. Ils étaient portés normalement le poil à l'extérieur, et étaient généralement faits de peau de phoque ou de caribou. Ce type d'habillement permettait aux Inuits de vivre et de se déplacer au cours des hivers de l'Arctique.

D'Alexander Henry fit des observations sur les Amérindiens des plaines qui fréquentaient son poste du centre-est de l'Alberta. Henry écrivit qu'ils étaient surtout vêtus de cuir. Les hommes portaient des jambières qui montaient jusqu'à la taille, où elles étaient attachées à une ceinture. Celle-ci retenait aussi un « pagne », morceau de laine ou de cuir apprêté d'environ 25 cm de largeur et 120 cm de longueur, qui était passé entre les jambes, puis sous la ceinture, les extrémités retombant librement devant et derrière jusqu'à environ 30 cm sous la taille. La chemise était faite de cuir apprêté souple, d'antilope ou de wapiti. Elle était serrée autour du cou et pendait jusqu'au milieu des cuisses. Les manches, faites du même cuir, étaient amples jusqu'au coude, mais cousues serrées jusqu'au poignet. Le couvre-chef était normalement un morceau de cuir, ou de peau apprêtée avec son poil. Il était ajusté à la tête et attaché sous le menton. Le haut était ordinairement orné de plumes ou de quelque autre décoration. Chaussures et mitaines étaient en peau de bison apprêtée avec son poil. Par-dessus ces vêtements de dessous, le voyageur se drapait dans une cape de bison pour compléter sa tenue hivernale.

Le nom d'Alexander Henry fit des observations sur les Amérindiens des plaines qui fréquentaient son poste du centre-est de l'Alberta. Henry écrivit qu'ils étaient surtout vêtus de cuir. Les hommes portaient des jambières qui montaient jusqu'à la taille, où elles étaient attachées à une ceinture. Celle-ci retenait aussi un pagne, morceau de laine ou de cuir apprêté d'environ 25 cm de largeur et 120 cm de longueur, qui était passé entre les jambes, puis sous la ceinture, les extrémités retombant librement devant et derrière jusqu'à environ 30 cm sous la taille. La chemise était faite de cuir apprêté souple, d'antilope ou de wapiti. Elle était serrée autour du cou et pendait jusqu'au milieu des cuisses. Les manches, faites du même cuir, étaient amples jusqu'au coude, mais cousues serrées jusqu'au poignet. Le couvre-chef était normalement un morceau de cuir, ou de peau apprêtée avec son poil. Il était ajusté à la tête et attaché sous le menton. Le haut était ordinairement orné de plumes ou de quelque autre décoration. Chaussures et mitaines étaient en peau de bison apprêtée avec son poil. Par-dessus ces vêtements de dessous, le voyageur se drapait dans une cape de bison pour compléter sa tenue hivernale.

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Femme dakota et fillette assiniboine en vêtements de cuir. L'hiver, elles auraient porté d'autres chaussures et des mitaines. (Gravure de Karl Bodmer, années 1830.

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Famille anishnabée (saulteuse) se déplaçant près du lac Winnipeg pendant l'hiver 1825. Remarquez le style des vêtements, les raquettes, la sangle frontale et le toboggan tirer par des chiens.

Lunettes de neige

Un autre problème associé aux déplacements l'hiver était, et demeure, ce que l'on appelle la cécité des neiges. Celle-ci se produit lorsque la combinaison des rayons directs du soleil et de l'éclat de son reflet sur la neige est trop intense pour l'œil humain. C'est un état qui peut être très douloureux, et peut durer des jours et gêner les déplacements.

La méthode la plus ancienne et la plus répandue d'éviter la cécité des neiges était l'emploi de lunettes de neige, lesquelles sont connues dans le nord de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord. Leurs styles étaient très différents. En général, elles étaient faites d'une matière opaque recouvrant l'œil telle que le bois, le cuir, l'os ou l'ivoire. D'étroites fentes ou de petits trous y étaient pratiqués pour permettre une certaine vision. Une ficelle ou une lanière était fixée à chaque extrémité et pouvait être nouée autour de la tête pour maintenir les lunettes en place. Les lunettes de neige réduisaient la luminosité nocive et amélioraient en fait la visibilité.

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Extérieur (a) et intérieur (b) de lunettes de neige des Inuits du Cuivre de l'Arctique central.

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Chasseurs poursuivant un troupeau de bisons. La neige supporte le poids des chasseurs chaussés de raquettes, mais pas celui de leurs proies. Peinture de Peter Rindisbacher dans le sud du Manitoba.

Dans les vallées et les secteurs boisés, les dépôts de neige étaient de nouveau différents. La neige pouvait y être molle et profonde. Un grand effort était nécessaire pour marcher, car le pied et la jambe du marcheur s'enfonçaient profondément sous la surface à chaque pas. Pour atténuer ces problèmes, les anciens créèrent divers objets plats et légers qu'ils fixaient à leurs pieds. Ceux-ci leur permettaient de répartir leur poids sur une plus grande surface et de marcher sur la neige, quel que fût son état.

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Raquettes du type pattes d'ours qu'utilisaient les Tsimshians de Colombie-Britannique au début du XXe siècle.

Il semble qu'à l'origine on se contentait d'attacher une planche plate au pied. Ce moyen de transport fut inventé il y a des milliers d'années, mais on ignore où. Des spécimens de fixations de planches ont été trouvés à travers le nord de l'Amérique du Nord, de l'Asie et de l'Europe. En Europe et en Asie, des transformations ont conduit à l'apparition du ski et du patin. Au Canada, les Autochtones ont mis au point une chaussure unique bien à eux, la raquette.

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Raquettes du type athapascan utilisées par les Algonquins du Québec. Elles sont très larges, ce qui aide à marcher dans une neige molle et épaisse.

Sous sa forme la plus simple, la raquette était un cercle de bois entourant un réseau de lanières de cuir brut. Ce réseau était fixé au pied au moyen d'un harnais également fait de lanières. Cet objet à la forme circulaire simple est appelé « raquette en pied d'ours ». Elle a été utilisée, et continue de l'être, dans une vaste région géographique, particulièrement là où la neige est molle et profonde. La raquette en pied d'ours présente de nombreuses variantes régionales, le lacis et le harnais différant d'un endroit à l'autre.

Cette forme de base a également été modifiée pour obtenir des formes allongées plus complexes. Une des plus complexes est la raquette athapascane. Elle comporte une tête arrondie ou pointue, une queue pointue, au moins deux traverses de bois et de nombreux types de lacis et de harnais. La raquette athapascane est généralement de grande dimension, mesurant de 30 à 38 cm de largeur et de 120 à 150 cm de longueur. Elle est particulièrement efficace lorsque le voyageur peut suivre un chemin relativement droit avec peu de tournants.

Les voyageurs effectuant de longs trajets apportaient souvent plus d'un type de raquette. Cela leur permettait d'en changer selon l'état de la neige. En outre, les bons raquetteurs pouvaient avancer à une vitesse étonnante. En 1879, un marchand de fourrures du nom de H. M. Robinson écrivit : Un homme peut marcher beaucoup plus vite en raquettes, avec une bonne piste, que sur la meilleure des routes sans raquettes; toutefois, si la piste est parfaitement durcie par le gel, le voyageur les enlève et court derrière les chiens.

Bien sûr, les hommes n'étaient pas les seuls à utiliser des raquettes. En 1776, un autre marchand de fourrures, Alexander Henry, faisait observer que les femmes autochtones employaient aussi avec adresse ce moyen de transport : Le manteau neigeux atteignait quatre pieds 1,2 mètre de profondeur. Les Indiens marchaient vite; et pour les suivre, mes compagnons et moi avions trop à faire pour souffrir du froid; mais, nos raquettes étant d'un modèle plus large que celles des Indiens, nous arrivions difficilement à rester à leur hauteur. Les femmes ouvraient la marche, et nous avons cheminé jusqu'au coucher du soleil, quand nous avons atteint un boqueteau, sous la protection duquel nous avons campé.

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Sangles frontales, toboggans, carrioles et traîneaux

Les gens avaient aussi besoin de transporter des objets. Les Autochtones d'Amérique du Nord appliquaient pour cela deux stratégies fondamentales. Dans un cas, on portait, dans l'autre, on traînait. On portait facilement de petits objets légers dans la main, dans des poches ou dans des sacs. On pouvait porter de plus gros objets dans les bras sur de courtes distances.

Quand ils devaient transporter de gros objets sur de longues distances, les Nord-Américains d'autrefois portaient toutefois généralement cette charge sur leur dos. L'objet ou les objets étaient enroulés en un paquet auquel une longue corde unique était fixée à chaque extrémité ou passée en dessous. La partie libre de la corde était placée de façon à aller d'une extrémité du paquet à l'autre en passant par le dos puis le front du porteur. Dans le cas de certaines charges, on pouvait aussi faire passer une ligne d'appui en travers du haut de la poitrine. Ce type de corde de transport était communément appelé « collier de portage », ou « sangle frontale ». On s'en servait surtout l'été, mais parfois aussi l'hiver, particulièrement quand les charges étaient d'un poids modéré, quand la distance à parcourir était réduite, ou quand on ne disposait d'aucun autre dispositif de transport.

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Toboggan fabriqué par des cris des bois de l'Est.

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On faisait des traîneaux plus complexes avec de meilleurs patins, des planches de soutien verticales solides et des traverses sculptées. Quel qu'en fût le style, les traîneaux légers de ce genre pouvaient être tirés par l'homme ou par des chiens attelés. Dans l'Arctique canadien, les Inuits ont élaboré un type de traîneau plus solide pour des charges plus lourdes. Appelés « kometiks », ceux-ci avaient la forme d'échelles avec deux robustes planches parallèles posées de chant pour former les patins. Parfois, des morceaux lisses d'os ou de bois de cervidés étaient fixés au bas des patins et recouverts d'une couche de glace pour réduire la friction. Des lattes étaient attachées fermement perdiculairement aux patins pour constituer la plate-forme de transport. Avec un attelage d’huskies, le kometik pouvait transporter de lourdes charges.

Importance des anciens moyens de transport sur la neige
Il semble évident que les moyens de transport sur la neige figurent parmi les plus importantes inventions de l'histoire du transport. En Amérique et en Eurasie, les déplacements sur la neige ont permis aux gens de découvrir et d'exploiter toute l'année les riches ressources animales, végétales et minérales des régions septentrionales. Ils ont également joué un rôle dans la domestication des animaux, dans la rencontre des peuples et l'échange des idées, contribuant ainsi à la complexité des cultures. Nombre des moyens de transport inventés il y a des milliers d'années étaient si efficaces qu'on continue de les employer aujourd'hui. Qu'on songe au toboggan et à la raquette. Sans compter que des choses que nous considérons comme modernes, par exemple la motoneige et les vêtements d'hiver contemporains, ne sont que des adaptations s'inspirant de modèles anciens. Il est difficile d'imaginer comment les humains n’auraient jamais pu occuper le Canada sans ce qu'il fallait pour voyager sur la neige.



11/11/2013
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